Avec plus de 40.000 pilotes privés répartis dans environ 600 aéroclubs, la France est de loin le pays européen où l'aviation légère est la plus pratiquée. Malgré cela, l'aviation de loisir reste quelque chose de peu commun dans la vie de tous les jours, et donc souffre de nombreuses idées reçues.
En voici certaines...
1. PILOTER C'EST RÉSERVÉ AUX RICHES
Faux
Comme pour toute autre activité, il faut prévoir des frais d'inscriptions annuels et de l'achat de matériel (ici casque, cartes, règle...). Ensuite, on ne paie pas tout d'un coup, mais petit à petit, en fonction du temps de vol, décompté à la minute. L'activité est certes plus coûteuse que la course à pieds, mais elle reste relativement accessible (souvent bien plus qu'on ne le pense).
Ce qu'il faut savoir:
- Le prix de location d'un avion école en aéroclub (type association loi 1901) varie souvent, selon l'avion et la région de 120€ à 250€ de l'heure environ (décomptées à la minute), selon le lieu et le type d'avion (le plus souvent des DR400 et avion du même type).
- Pour une formation PPL (Private Pilot Licence) il faut compter idéalement 2 à 4 vols de 30/40 minutes par mois (une fois la licence en poche, on vole moins souvent dans la plupart des cas)
- Sachant que les heures d'instruction sont à 90% assurées par des instructeurs bénévoles (merci à eux!), le prix supplémentaire payé pour les heures en instruction correspond au défraiement de leurs déplacements.
- Les moins de 21 ans et les moins de 25 ans bénéficient de réductions et subventions.
(NB illustration : avec l'inflation, les deux ont légèrement augmenté depuis)
2. IL FAUT AVOIR FAIT MATH SUP POUR PILOTER
Faux
Nul besoin de maîtriser les équations différentielles, en vol lors des navigations, de simples notions de calcul mental de type 2+7=9 sont utiles. Attention à ne pas avoir un QI de banane non plus!
Au sol, la partie théorique peut faire un peu peur à première vue, car il y a beaucoup de choses nouvelles à apprendre (9 matières différentes, 120 questions lors du test). Mais la pratique simplifie beaucoup les choses, il y a des sites d'entraînement très bien faits avec des modules de cours illustrés et des QCM (pour ma part, je dis merci Aerogligli!), les aéroclubs organisent des cours théoriques, et vos instructeurs se feront un plaisir de répondre à vos questions à tout moment.
En comparaison avec l'examen du code pour le permis de conduire, on dispose de plus de temps pour répondre, corriger nos réponses, et surtout, pas de questions pièges.
3. PILOTER, C'EST RÉSERVÉ AUX HOMMES (ET C'EST UN UNIVERS DE MACHOS)
Extra Faux!!!
En tant que nana, sachant qu'il y a encore peu de femmes qui pilotent des avions (elles seraient environ 8%), j'avais une petite appréhension.
Crainte qui s'est heureusement révélée infondée. Nous sommes tous et toutes avant tout des passionnés.
J'ai rencontré et continue de rencontrer principalement des pilotes accueillant(e)s et bienveillant(e)s, des brevetés qui quand ils m'ont entendu faire part de mes difficultés, n'ont pas hésité à me soutenir... jamais de remarque ou commentaire douteux, des instructeurs super sympa qui traitent tout le monde de la même façon... L'ambiance dans l'aéroclub est généralement chaleureuse et bon enfant, et les gens sont généralement heureux d'accueillir les élèves pilotes, quels qu'ils/elles soient. Quel plaisir!
4. JE NE PEUX PAS PILOTER CAR SUIS TROP JEUNE, TROP VIEUX, MYOPE...
Vrai et Faux
On peut passer le LAPL et le PPL dès 17 ans. Il est bien sûr plus de plus en plus difficile d'apprendre à mesure que l'on vieillit, mais je croise régulièrement des élèves pilotes de tout âge, et j'ai déjà vu certains s'y mettre à 70 ans.
Concernant l'acuité visuelle, pas besoin d'avoir 10/10. On peut piloter à partir de 7/10 après correction, tant que cette dernière ne dépasse pas +5/-5 de dioptrie. J'ai même croisé des pilotes daltoniens, qui néanmoins ne peuvent passer de qualification "vol de nuit" à cause de la nécessité de distinguer les couleurs dans cette configuration.
5. IL FAUT S'ENGAGER DÈS LE DÉPART POUR TOUTE LA FORMATION
Faux
Avant de se lancer dans un PPL, on peut tâter le terrain de plusieurs façons...
- Voler avec un(e) ami(e) pilote pour voir ce que ça fait
- Effectuer un "vol découverte", ce qui consiste généralement en une leçon de 30 min pilotage-découverte avec un instructeur précédée d'un briefing au sol
- Tenter une "formule découverte", version améliorée du vol découverte, qui consiste en quelques leçons de pilotage pour apprendre quelques bases
- Lire "Ma Licence de Pilote Privé d'Avion", le livre d'Annie Lecomte-Monnier, qui a passé son PPL à l'Aéroclub Renault et qui raconte son expérience